lundi 15 juillet 2013

Muirfield, un parcours de champions, de grands champions

Le British Open retourne à Muirfield après trop longtemps... onze ans.

La R&A, qui organise l'Open, aurait pu décidé que le championnat se tenait à Muirfield ce matin et jeudi, sans aucune modification, le parcours serait prêt à recevoir un tournoi majeur. Le parcours, à ce titre et sur d'autres points, ressemble à Oakmont... et tout comme Oakmont, Muirfield est un parcours pour les champions, les grands champions...

Le parcours est probablement le moins intimidant visuellement des parcours qui reçoivent l'Open... Il n'y a pas de trous spectaculaires, pas de coups qui semblent impossibles...

Il s'agit d'un links quelque peu hors normes... plutôt que de se faufiler continuellement entre les dunes, le parcours de Muirfield se déploie sur un plan relativement incliné, parsemé à quelque endroits, de formations de dunes. Harry Colt a eu la brillante idée de concentrer les verts et les départs dans les formations de dunes, donnant un caractère dominant aux approches.

Le génie du parcours est dans sa composition, où, à l'exception du 10ème et 11ème, tous les trouschangent de direction d'un trou à l'autre... Ainsi, le vent n'est jamais véritablement dans la même direction, d'un coup à l'autre.

Alors le vent change, les trous glissent légèrement de droite à gauche où de gauche à droite... le plan incliné, de 3% à 4% complexifie les choses en repoussant les balles vers les côtés et comme cette semaine, le sol est ferme, très ferme. Atteindre les allées exigent patience et précision... Le tout est très subtil, mais oh combien complexe...

Alors chaque coup est important, chaque coup peut vous faire mal, vous avez à affronter patiemment un parcours, et non pas 18 trous indépendant...

À Muirfield, il faut être bon dans tout...
Il faut être bon sur les verts,
Il faut être capable de travailler la balle
Il faut être capable de puissance, au bon moment et en demeurant précis,
Il faut être efficace avec les fers longs,
Il faut être posséder une touche parfaite autour des verts...

C'est tout.... pas surprenant que les joueurs qui gagnent à Muirfield possède non seulement plusieurs victoires, non seulement un autre majeur, mais bien plusieurs autres victoires majeures....

La liste des champions
2002 Ernie Els - 4 majeurs
1992 Nick Faldo - 6 majeurs
1987 Nick Faldo - 6 majeurs
1980 Tom Watson - 8 majeurs
1972 Lee Trevino - 4 majeurs
1966 Jack Nicklaus - 18 majeurs
1959 Gary Player - 9 majeurs
1948 Henry Cotton - 3 majeurs...

Alors vous pouvez vous attendre à 3 choses:

1) Le champion ne viendra pas de nulle part... regardez les joueurs qui possèdent déjà un majeur, idéalement 2 majeurs ou plus !!!

2) Le tournoi sera serré, il est difficile de se distancer des autres à Muirfield car l'équilibre entre le jeu agressif et conservateur est trop minime. Il est difficile de protéger une avance sans faire d'erreur et difficile de faire plusieurs birdies rapidement.... Parlez-en à Nick Faldo qui a fait 18 par en ligne lors de la ronde finale en 1987...

3) Le pointage du gagnant se situera autour de 278 (-6)... et si le vent se lève 284 (E)

Et oui, le gazon des allées et des verts sera jaune ou brun, la balle prendra des bonds capricieux.... mais ne vous laisser pas y méprendre, il s'agit d'un parcours exceptionnel... la quasi perfection... pratiquement imperceptible à la télévision.

Et n'oubliez pas le dernier Open où la tempête à frapper au milieu de la 3ème ronde.... comme si c'était pas assez excitant.










mardi 18 juin 2013

Comment Merion a résisté aux meilleurs joueurs du monde ?

US Open 2013 - Champion: Justin Rose (+1)

32 ans se sont écoulés entre le US Open de 2013 et le dernier US Open tenu à Merion en 1981, le golf a vraiment changé mais le parcours a résisté.

Comment un parcours de moins de 7000 verges peut toujours résisté aux meilleurs joueurs du monde ?

D'abord, il faut mentionner que Merion avait une longueur de 6544 verges en 1981 et en 2003, lorsque j'ai visité le parcours, les départs arrières chiffraient moins de 6500 verges. Ajouter près de 500 verges sur le site minuscule de Merion constitue pratiquement un miracle. Ceci était peu perceptible à la télévision mais chaque millimètre du parcours a été utilisé à plein escient et pratiquement en double... avec un départ sur le vert de pratique (14ème), doublés (3ème et 5ème) ou près des allées du trou précédent...

Alors comment ?

1) Avec une combinaison de trous "faciles" et très difficiles:
D'abord, il n'y a pas de trous "faciles" au US Open, mais Merion possède 6 par 4 de moins de 400 verges, dont 3 trous de moins de 360 verges. Habituellement, un parcours du US Open possède 1 ou 2 par 4 de moins de 400 verges. Il y a également un par 3 de moins de 125 verges, le 13ème.
D'autre part, le parcours possède des trous extrêmement difficiles dont le 3ème, 5ème, 17ème et 18ème où jouer ces trous en +1 vous fait gagner des coups sur les autres joueurs.
Cette combinaison impose de la pression sur les joueurs qui sentent qu'ils doivent réaliser des birdies sur les trous faciles, pour pouvoir affronter les trous difficiles par la suite.

2) Avec une série de trous difficiles à la fin du parcours:
Les trous 14 à 18 sont des trous très difficiles. Ceci joue dans la tête des joueurs, ils sentent qu'ils doivent accumuler les birdies en début de parcours pour ensuite tenter de "survivre" sur les derniers trous... Si vous vous présentez le départ du 14ème à Égalité au par, vous savez que vous êtes dans le trouble... et que seul du jeu exceptionnel peut vous permettre de ramener une carte de 70.

3) Avec seulement deux par 5, dont le dernier au 4ème trou:
Que dire de plus! Profitez de vos chances tout de suite. D'ailleurs, la USGA a bien fait de racourcir le 2ème trou à 526 verges pour tenter les joueurs et les forcer à l'erreur.

4) Avec un obstacle en voie de disparition, les hors limites:
On peut dire ce que l'on veut de la pénalité coup + distance que provoque les hors limites, mais rien ne peut créer plus de tension, même chez les meilleurs joueurs, qu'un hors limite... parlez-en à Steve Stricker. Au 2ème trou, la tentation d'atteindre le vert en deux devait être calibrée avec le danger du hors-limite près de l'allée sur la droite. Peu de joueurs ont atteint l'allée avec le bois no 1 lors de la ronde finale et plusieurs joueurs ont fait des erreurs. Ce sont les pars qui gagnent un US Open, certains joueurs auraient mieux fait d'utiliser une approche conservatrice sur ce trou en frappant 230 verges, 200 verges et 100 verges et se donner une chance de birdie sans risque.
D'autre part, le hors-limite sur la gauche au 15ème imposait le respect en fin de parcours.

5) Avec des allées et des verts ondulés à l'ancienne:
Les allées et les verts à l'ancienne épousaient le site. Il ne s'agissait pas de cibles relativement planes à atteindre mais seulement le chemin a suivre sur le site, peu importe la topographie. Les joueurs devaient donc négocier avec une variété de positions de balle pour jouer leurs approches.
Pour leur part, les verts à l'ancienne de Merion penche partout et sur tous les côtés. Ce ne sont pas des verts composés de zones relativement planes séparées en différents plateaux qui, à l'intérieur de 10 pieds, laissent des putts relativement droits. À Merion, on a vu des verts où les coups roulés de moins de 10 pieds devaient être parfaits, en vitesse et en ligne, pour être réussis.

Merion est l'un des meilleurs parcours du monde, la preuve que sur un site étroit, sans élément spectaculaire, il est possible de concevoir un grand parcours de golf. Il s'agit d'un chef d'oeuvre d'architecture de golf.

Gageons que le US Open sera de retour sur Ardmore Avenue à Philadelphie d'ici moins de 32 ans.... du moins espérons-le.

lundi 4 février 2013

Avant-goût d'un livre / Book preview

Bonjour,

En parallèle avec mon blog, j'ai amorcé depuis plus d'un an la rédaction d'un livre sur l'architecture de golf. Il s'agit d'une introduction au sujet, visant à vous faire découvrir les sensations qu'offre un grand parcours et l'esprit avec lequel la conception des grands parcours s'effectue.  Le livre offrira, je l'espère, un visuel intéressant et une base pour la réflexion sur le jeu que nous aimons tant. Voici quelques extraits.

Vous avez des commentaires ou voulez contribuer à la publication en s'enregistrant comme futur acheteur? N'hésitez pas à me contacter à pbinette@inspirationgolf.com


Hi,

Along with the writing of my blog, I've started a year ago, the writing of a book on golf course architecture. It is an introduction to the subject, giving you an idea of the experiences given by great golf courses and also presenting the spirit behind the design of great golf courses. The book will offer, I hope, a nice visual interest and a starting point for your reflexions about the game we love. Here's a preview.

You have some comments ou would like to participate to its publishing by registering as future buyer ?
Contact me at pbinette@inspirationgolf.com



mardi 15 janvier 2013

Flexible courses

Golf architecture faces many challenges for the next decades. With technology regulation at a standstill, it seems like golf architects will have to dig deep to figure out a way to make sure golf courses remains fun, accessible and able to host competitions once in a while. I say competitions because even today, 15 year old kids may hit their drives 280 yards !!! or more.
 
So the length gap: between everyday golfer and competitive player keeps widening.
 
I've addressed the issues of more acreage, more maintenance, more costs in previous posts.
 
I've often been fascinated with courses on a small piece of land... and with Merion hosting the US Open this year, people will discover how you can turn a small piece of property in a 7000 + yard course. They are going to use every inches of the property to do so, but the US Open tees are not used in everyday play.
 
And that led me, for many years, with the idea of a flexible course. A flexible course would bring the concept of tees back to its origins, when a golfer had to tee his ball 2 club length from the previous hole and start the next hole from there.

 
 
Some courses, mostly designed by Renaissance Golf Design (Sebonack) and Coore & Crenshaw have tees that are just an extension of the previous green surrounds and some flatter spots here and there are the tees. 
 
A flexible course, conciously designed to presented length variations on most holes on a day to day basis will have 2 major advantages:
 
1) It can be stretched to host competitions, using tee positions that would be borderline dangerous in every play, but safe in competitions where ball spread is less an issue.
 
 
2) It can offer a different course to the members basically every day. I've always wondered how members can play the same exact course for 60 rounds a year ? Would it be fun to see a 320 yard "easy" par 4 one day turned into a brute 245 yards, par whatever, the next. Or the 510 yards par 5 into a 472 yards, par 4.75, monster to next day. Or just take the average 360 yards par 4 slider left and see it a 390 yards slider to the right next saturday.
 
 
 
The flexible course will deconstruct the "false unwritten laws of golf architecture" where a long par 3 cannot have a small green.... but the next day it's a short par 4, so it must have a small green. Players would play the hole for what it is, a golf hole... It might encourage match paly a little more.
 
The only thing a flexible course leaves out is the course record and the notion of par... I can live with that !!!
 

vendredi 4 janvier 2013

Stuck in a storm: the fate of tournament golf

The first round of the 2013 PGA Tour season was cancelled today because of inclement weather... which is too bad:
  • too bad because somebody had figured it out. (Webb Simpson was 3-under thru 7 holes... so much for unplayable weather !!!)
  • too bad because it's fun too watch. (The Tour report said Rickie Fowler hit a full driver 215 yards... so what)
  • too bad because the weather is part of the game.
  • too bad because if there is one course on Tour designed for wild weather, it's definitely the Plantation Course at Kapalua.
When Bill Coore and Ben Crenshaw designed the course, they probably had in mind a day like today. High winds on this hilly and open site. So they built extra wide fairways (60 + yards in some spots), open entrance to the green, so it's possible to run the ball in and also a great variety of length on the holes with short and long par 4's. A 360 yards par 4 can turn into a beast into the wind while a 480 yard hole can be 3-wood, wedge. It's built for great golf, strategy, course analysis...
 
But the Tour had to stop play. Golf is a game played outdoor and wild weather more than often identify the most courageous, the toughest player.
 
Sadly, the PGA Tour is stuck in a storm, litteraly and here's why.
 
Because to keep up with the technology, speeding up greens remains the best way to protect par. Therefore (even the relatively slow one at Kapalua), the ball starts moving and / or cannot be stopped around the holes... The greens cannot be slown down overnight, sadly enough, and they can't keep the green slow, the score would go too low if there's no wind.
 
How about changing the hole locations to flatter spots ? Well that would be an idea, but the pin positions are more than often pre-defined. But the Tour players could do like most golfers do, play it by ear, analyze, think... 
 
Last, but not least, the PGA Tour is a player's tour, a kind of union. So any kind of unfairness between Player A and Player B, is negatively perceived (even though there is always a diversity in the conditions day in / day out). It's their job and in a certain way, we can't blame the players for that.   
 
I really hope they get a chance to play, so you can appreciate the design at Kapalua.
 
As far as wild conditions, we'll have to wait for the Open Championship, where they don't care about the fact that there's 8 or 9 hours between the first and the last tee time of the day... talk about even conditions !!!.